Pas seulement pour les papillons : les multiples avantages d'être Patrouilleur.euse
Les bienfaits personnels, sociaux et politiques du bénévolat au projet l'Effet Papillon
C'est la troisième année que je suis Patrouilleur (Ranger) pour le projet l'Effet Papillon de la Fondation David Suzuki. Lancé en tant que chapitre canadien du Homegrown National Park (aujourd'hui une initiative distincte) sous le nom Butterflyway Project, il s'agit d'une réponse extraordinaire de la part de cet organisme de bienfaisance canadien, face à la crise croissante de la biodiversité des insectes qui menace notre mode de vie.

Les plantes indigènes sont vraiment l'élément clé en termes de conservation des insectes à la base de la chaîne alimentaire, mais elles font bien plus que de fournir une source de nourriture à toute la faune qui nous est si familière ! En fait, vous pouvez agir en devenant vous-même un.e Patrouilleur.euse. Si vous voulez entrer dans l'action, les candidatures ont débuté depuis le 5 février et se clôturent le 19 février.
Premier acte - Aider les abeilles... mais comment ?
Après la dernière pandémie, une chose en entraîna une autre. Depuis, les plantes sont vraiment au cœur de mon activisme.
J'étais enfermé chez moi lorsque j'ai réalisé que c'était le printemps 2021 et que les abeilles avaient besoin de notre aide. Quand j'ai entendu parler du mouvement « Pas de tondeuse en mai » (No Mow May) , lancé au Royaume-Uni, j'ai pensé qu'il s'agissait d'une démarche logique : faisons pousser des fleurs pour les abeilles !
J'ai d'abord fait ce qui s'imposait : j'ai téléchargé iNaturalist pour la première fois et je me suis concentré sur toutes les espèces que je pouvais observer. J'ai vu beaucoup d'abeilles fouisseuses dans le voisinage, qui se plaisent dans les endroits où le sol est dénudé. J'ai également vu des violettes (Viola sororia), dont j'ai lu qu'elles étaient une plante hôte indigène importante pour le papillon Boloria. C'était le début d'une aventure.
Tout au long des deux mois d’avril et mai cette année-là, j'ai mené des campagnes locales pour des organisations de bassin versant, j'ai parlé à la radio, j'ai fait la une du journal local, et de nombreuses personnes ont répondu par une réponse retentissante... pas de tonte !
À ce moment-là, je ne connaissais pas la notion de plante indigène. J'ai utilisé la consoude - Symphytum sp. - comme exemple (comme on le voit sur le panneau - une plante non indigène difficile à éradiquer), parce qu'en tant que jardinier, je savais que c'était ce qui attirait les bourdons.
Jusqu'à ce qu'un ami me présente à son ami, qui en savait beaucoup sur les plantes indigènes. Grâce à mon nouvel ami, j'ai décroché un emploi étudiant à Pollinator Partnership Canada et j'ai pu travailler sur une vidéo d'animation. Je dois dire que j'étais fasciné.
Avec mes cours d'animation et de motion design à mon actif, et toutes ces connaissances autour de moi, j'ai fait ce qu'il y avait de plus logique à faire. Voici le résultat de cet été, grâce à une équipe de collègues extraordinaire.
Après un an de travail en tant que pigiste dans le domaine du motion design, quelques emplois dans des organisations environnementales locales, de nombreuses lectures de Doug Tallamy, un symposium en ligne sur les semences, 2023 est venu frapper à ma porte.
À ce moment-là, j'étais de retour : ma vocation, c'était les plantes indigènes. J'ai senti que le moment était venu de poser ma candidature pour le projet l'Effet papillon.
Deuxième acte - Questionnements en nature et adhésion à l'Effet papillon
On vient de parler du fait que j'ai vite compris que, pour « aider les abeilles », il fallait un peu plus de courage que ne rien faire ; ne pas tondre ne mène qu'à un certain niveau. Il est donc temps de mettre la main à la pâte !
Heureusement, le projet l'Effet Papillon existe dans le but de construire des jardins de pollinisateurs. Jusqu'à présent, 1 800 Patrouilleurs.euses ont été formés dans ce but :
À ce jour, les patrouilleur.euse.s ont planté plus de 116 500 fleurs sauvages indigènes, établi plus de 7 400 jardins d’habitat et créé 139 corridors!
À propos, un « corridor » signifie la création de 12 jardins d'habitat ou plus à proximité les uns des autres.
Ces « corridors » ont donné le nom anglais du programme, Butterflyway, ou « voie des papillons ». En effet, la plantation d'une voie des papillons peut être un vrai défi. C'est l'objectif que je m'étais fixé en m'inscrivant. Douze jardins ? Après trois ans, je n'ai pas encore utilisé tous mes panneaux : je me sens même un peu dépassé !
Au même moment, j'ai découvert la Wild Wonder Foundation et le journal nature (Téléchargez le zine en français ici pour découvrir cette pratique).
Ces deux programmes, pour moi, ont vraiment ouvert des boîtes de Pandore respectives, c'est-à-dire, celles de l'activisme et de l'introspection. C'est ce que j'entends par « profondément personnel » : la nature est comme ça pour moi.


Et puis, il y a l'aspect social. 1 800 patrouilleurs.euses ? Ça fait beaucoup de nouveaux amis !
Au Nouveau-Brunswick, on a notre part d'amis ; on prend le thé et on mange des biscuits avec des Rangers locaux depuis un certain temps, et c'est toujours agréable. On discute de ce que sera le prochain ajout au jardin des pollinisateurs, et on parle parfois de plantes et de politique.
En parlant de politique, les choses évoluaient dans ma communauté locale. Le buzz « No Mow May » a fait des vagues, à tel point que, deux ans plus tard, les anciens arrêtés de 20 centimètres sur la croissance des pelouses commençaient à être obsolètes. C'est alors que ma ville natale - Dieppe - est devenue l'une des premières municipalités à faire place aux fleurs et à éliminer les termes inapplicables qui sont si courants dans les règlements municipaux.
Il est impossible de savoir dans quelle mesure j'ai influencé cette décision, mais maintenant que je vis dans la ville voisine, j'ai l'impression d'y avoir joué un rôle.
Troisième acte - Un voyage en Ontario
Je vais être honnête - après avoir commencé à travailler pour Nature NB à la fin de 2023, les choses se sont un peu brouillées pour moi en ce qui concerne les 12 jardins d'habitat que j'avais l'intention de planter à titre de Patrouilleur bénévole. Nature NB est l'organisme qui distribue l'asclépiade incarnate (Asclepias incarnata), la plante hôte indigène du papillon monarque, dans toute la province. J'ai donc l'impression que mon travail contribue à beaucoup plus de jardins que je ne peux l'imaginer.
C'est pourquoi j'ai l'impression que l'activisme dans l'Effet papillon va bien au-delà de la plantation de fleurs en solo - c'est un moyen d'apporter des changements significatifs.
Après avoir découvert la Grainothèque de fleurs sauvages d'Ottawa, j'ai décidé de créer ma propre grainothèque à Moncton afin de planter le plus de plantes indigènes possible dans les jardins des gens. C'est alors qu'est né ce nouveau projet intitulé Partager notre nature, que vous êtes en train de lire.
Grâce au financement que j'ai reçu de Nature Canada, j'ai rencontré tellement de nouveaux amis en Ontario grâce à ce travail que je ne peux même pas me souvenir du nombre de conversations de trois heures que j'ai eues sur les plantes !

C'est mon histoire avec le projet l'Effet Papillon - une histoire non seulement d'espoir, mais aussi d'une communauté qui me soutient. J'ai l'impression que, partout où je vais, je peux trouver des gens avec qui j'ai des points communs.
Je terminerai sur cette note : de nombreuses aventures attendent les personnes qui s'investissent, et je pense que tout ceci en vaut la peine à la fin !