Pour moi, cette saison n'est pas qu'un temps pour le ménage du printemps (non, pas de la cour, mais de l'espace personnel). C'est aussi une période de retour à l'essentiel, en attendant le rythme étourdissant des mois chauds. Au milieu des bruits ambiants de la société, j'ai pris des notes et préparé mon processus créatif à l'arrivée du printemps. Voici quelques-unes de mes réflexions.
En ce mois d'avril, j'ai été trompé plus qu'une fois sur l'arrivée du «vrai printemps», quoi qu'il en soit. Pour certains, c'est le crocus, pour d'autres, le tussilage. Pour moi, ce sont les saules et les érables rouges. J'ai un penchant pour les plantes indigènes, c'est vrai. Mais les abeilles aussi.
La neige a tenté de revenir au moins trois fois depuis notre «faux printemps», il y a presque un mois. Le 17 mars a été particulièrement chaud, avec des températures oscillant au-dessus de 10°C, sans jamais descendre en dessous de zéro. Puis, la fin du mois a été froide, avec quelques jours à peine au-dessus de zéro.
Alors que la saison des érables se termine et que les saules portent leurs orteils de chatons, mes semis d'hiver attendent toujours le moment de la germination. Les abeilles dorment sous les feuilles, mais pas pour longtemps.
C'est la cinquième saison, et je ne sais jamais quoi en penser. C'est toujours comme une déception, parce qu'on s'attend à ce que l'hiver finisse plus tôt, non ?
En même temps, on savoure le temps passé à la cabane à sucre, à lécher la tire sur un bâton. Les signes du printemps apparaissent lentement, un à la fois.


C'est le vrai printemps, maintenant ? Non ?
Pourquoi sommes-nous si attachés aux quatre saisons, de toute façon ?
Autant de questions banales pour beaucoup de gens, et au risque de paraître cliché, avec la grisaille, on en oublie les couleurs.
Sortir de la surcharge de «contenu»
La cinquième saison a été difficile pour certains d'entre nous. Cela fait un moment que j'ai envie de faire une «détox numérique», sans succès.
Le fait que les changements se produisent à un rythme rapide, partout, n'aide pas. En tant que créateur, j'ai du mal à me définir comme un créateur de contenu, une pensée que j'ai retrouvée chez beaucoup de ceux qui portent aujourd'hui ce titre douteux.
Car le contenu n'est rien d'autre que cela, du contenu. Remplir un espace de fichier dans un système de plates-formes axé sur l'image et la vidéo. Créer pour obtenir des vues et des réactions. Demander à une machine à penser d'imaginer une photo à partir d'une phrase vague, en donnant une image-chimère dont certaines parties n'ont pas de sens. Comme la chimère des Grecs, monstre mythique composé de divers morceaux d'animaux réels. Ça semble facile, non ? Jusqu'à ce qu'on se rende compte que tout cela n'a pas vraiment d'âme.
Tout ça semble futile
Quand on voit que ça fait juste
Des chimères volées
- Haiku fait par un humain, 2025
Les œuvres d'art publiées sont associées à un contenu. L'art non publié, lui, ne l'est pas.
C'est pourquoi le journal nature est devenu un refuge pour moi, du moins dans ma tête. Mais en réalité, il faut vraiment que je prenne le temps. C'est devenu un de mes objectifs pour cette période de l'année, pour la saison chaude qui s'en vient.
Une reliure, un club et des cartes
J'ai fait beaucoup de choses pour m'empêcher de glisser machinalement sur des écrans LED avec mon pouce.
J'ai relié mon premier cahier de notes, par exemple. À partir d'un ensemble de pages 8.5x11 découpées en livrets, prises en sandwich entre des morceaux de cartons de cornets de tire d'érable.
La méthode de reliure à la copte (Coptic binding, recherchez sur Google. Elle est vieille comme le monde) m'a donné d'excellents résultats, même si ma main artisanale n'est pas la plus soignée qui soit. J'ai essayé de me libérer de mon propre perfectionnisme, de me lier d'amitié avec mon critique intérieur, et j'ai l'impression que cela en fait partie. Cette reliure permet à mon carnet de croquis de se poser à plat. Avec la méthode du pliage en accordéon, ces deux méthodes peuvent être combinées, avec des super résultats (cette série de vidéos et ce site web—en anglais—m'ont beaucoup aidé à penser différemment les notes sur papier).


J'ai aussi fondé mon premier club, le Club de journal nature Hémiboréal. Ainsi, j'aurai une raison de sortir et de documenter la nature. Je vous en dirai un peu plus à ce sujet plus tard.
Je vous laisse avec les cartes d'art à échanger (Artist trading cards) que j'ai commencé à faire. Elles ne sont pas difficiles à réaliser et me prennent en moyenne 10 à 15 minutes. C'est un bon moyen de remplacer le scrolling.


Ceci dit, j'espère que vous allez bien en ce début de printemps et que vous ne prenez pas les choses trop au sérieux. Amusez-vous et profitez de la saison, qui se manifeste lentement !