Comment les grainothèques de fleurs sauvages sont un modèle d'éducation transformatrice
Un modèle de distribution de semences mis au point dans la capitale du Canada fait rapidement des vagues dans le mouvement des plantes indigènes et du jardinage écologique
C'est par une journée de novembre froide, mais ensoleillée que je suis arrivée à Orléans, un quartier d'Ottawa, pour rencontrer Mélanie Ouellette. La fondatrice de la Grainothèque de fleurs sauvages d'Ottawa (OWSL, pour “Ottawa Wildflower Seed Library”) m'a accueillie chaleureusement à l'aréna de hockey de la communauté, où un événement de distribution de semences venait de se terminer dans l'une des salles du deuxième étage.
J'étais arrivé en retard à cause des délais du train. Mais ce n'était pas un problème, car elle et les bénévoles de la bibliothèque avaient retardé le nettoyage juste pour que je puisse voir comment ils avaient aménagé la salle. Je me suis dit que c'était très généreux de leur part.
Il y a quelques minutes, cette salle a servi de cadre pour un événement de distribution de semences, l'une des inventions de Mélanie. Depuis 2020, année de ses débuts modestes, elle est passée d'une table à dix. Elle est passée de l'entrée des maisons à des parcs, puis à des salles louées dans des centres communautaires et des arénas.
Les tables mentionnées ont toutes une raison d'être. Si l'on examine chacune d'entre elles, comme l'indique l'article que j'ai écrit dans le passé sur ce modèle, elles ne servent pas seulement à présenter et à distribuer des semences, mais aussi à recevoir des dons, qu'ils soient monétaires ou botaniques.
Oui, cette grainothèque de fleurs sauvages est fondée sur la réciprocité. Tout comme Robin Wall Kimmerer l'a décrit dans son livre Braiding Sweetgrass, et plus tard dans The Serviceberry, qui est sorti en même temps que mon voyage. Tout cela parce que la OWSL est fondée sur des valeurs communes aux habitants de cette terre.
Comme le mentionne Kimmerer dans son dernier livre, les Haudenosaunee tiennent pour sacrée depuis des siècles la première politique de durabilité connue, le traité du plat à une cuillère (Dish with One Spoon).
D'après Mélanie, c'est Kimmerer elle-même qui a inspiré la création de l'OWSL.
J'étais là pour en savoir plus sur la manière d'en créer une moi-même, dans la province du Nouveau-Brunswick. J'ai également reçu un financement de Nature Canada, qui a payé le voyage. L'objectif global est de créer un guide en 2025-2026 sur la manière d'établir une grainothèque de plantes indigènes.
Mais ce que je veux surtout souligner, c'est non seulement le potentiel d'éducation transformatrice résultant de ces initiatives, mais aussi le nombre de personnes déjà formées à de meilleures pratiques de jardinage.
Voici les chiffres en date du printemps 2025, tirés de la page d'accueil de la bibliothèque de semences (wildflowerseedlibrary.ca) :
Depuis 2020, plus de 8 000 projets communautaires, écoles et particuliers ont reçu gratuitement des semences indigènes à Ottawa, dans la vallée de l'Outaouais et dans cinq autres provinces.
Parmi ces bénéficiaires, on compte au moins une douzaine d'écoles de la ville où les élèves ont pu participer à des travaux pratiques de jardinage avec des plantes indigènes.
Outre les semences, plus de 1 700 projets communautaires, écoles et particuliers ont reçu gratuitement des plantes indigènes au cours des deux dernières années. La bibliothèque de semences diffuse des informations scientifiques accessibles sur les bonnes pratiques écologiques et des outils de récolte de semences indigènes, grâce à une présence impressionnante sur les médias sociaux et à des présentations dans toute la ville. Depuis 2023, 10 600 personnes ont reçu des informations sur l'importance des plantes indigènes dans les écosystèmes. (Traduction libre)
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'à travers ses ateliers, ses événements d’empaquetage et son modèle d'apprentissage collaboratif, OWSL favorise une meilleure compréhension de la durabilité écologique, tout en fournissant aux gens les semences dont ils ont besoin pour avoir un impact tangible. Le modèle encourage un changement d'état d'esprit, où le jardinage consiste désormais à soutenir les pollinisateurs, à restaurer les habitats et à contribuer à la lutte contre le changement climatique. Ottawa est ainsi un modèle qui montre comment de petites initiatives menées par la communauté peuvent susciter une transformation significative.
L'OWSL prouve que l'éducation est plus efficace lorsqu'elle est orientée vers l'action.
En semant les graines - au sens figuré et au sens propre - de la restauration et de la connaissance écologiques, ce nouveau modèle basé sur des idées (parfois pas-si) nouvelles cultive un avenir meilleur pour nous tous.
J'ai également pu distribuer des semences à ma communauté, grâce à la générosité d'Ottawa. Ce qui, je l'espère, m'aidera à donner un coup de pouce à la mienne.
Je vais donc vous laisser avec une question, à laquelle vous pouvez répondre ci-dessous si vous le souhaitez :